SIDA: "On a les Moyens de Mettre un Terme à l'Epidémie" déclare le Docteur Alain Lafeuillade, chef du Service des Maladies Infectieuses à l'hôpital de Toulon
Toulon, Var (PRWEB) 9 Novembre 2014 -- "Je ne puis que faire un constat d'échec" déclare irrité le Docteur Lafeuillade qui poursuit "on sait comment le VIH se transmet, on a des moyens pour empêcher cela, et toujours autant de nouvelles personnes se contaminent chaque année en France: plus de 6500!".
En effet, depuis 2 ans l'épidémie est repartie à la hausse. Les rasions évoquées sont:
-la raréfaction des campagnes de prévention
-la banalisation de la maladie
-l'usure des populations vis à vis de l'usage du préservatif.
"Il est vrai qu'aujourd'hui le SIDA ne fait plus peur", déclare le Docteur Lafeuillade, "il y a même des gens qui croient que l'on en guérit".
La réalité c'est que la trithérapie doit être prise à vie, avec ses contraintes et effets secondaires.
"On constate que le nouvelles contamination sont en plein expansion chez les homosexuels ou bisexuels", rajoute le spécialiste "certains conscients des risques ne veulent pas se protéger, d'autres ignorant que même une fellation peut être contaminante".
En effet, 42 pourcent des nouvelles contaminations en France concerne des hommes ayant des rapports avec des hommes.
Or, ces personnes, outre l'usage du préservatif qui reste la référence, ont d'autres moyens de se protéger comme l'ont montré les études sur la prophylaxie pré-exposition.
"Ce fait était connu depuis plusieurs années aux Etats Unis, précise le Docteur Lafeuillade, et vient d'être confirmé en France par l'étude Hypergay menée par l'Agence Nationale de Recherches sur le SIDA "ANRS": prendre une bithérapie (Ténofovir + FTC: nom commercial Truvada*) lors des pratiques à risque diminue significativement la possibilité d'acquisition du VIH". Ce produit a d'ailleurs depuis 2012 l'autorisation d'utilisation dans cette indication aux USA.
"Ceci mis en parallèle avec le fait que les malades traités ayant une charge virale indétectable ne transmettent pratiquement plus le virus ainsi que les femmes séropositives enceintes traitées, devrait casser la courbe de l'épidémie".
"De plus, l'accès au diagnostic s'est nettement simplifié et démocratisé: il existe des tests rapides, sanguins ou salivaires, qui permettent de savoir en 5 à 15 minutes si une personne est infectée par le VIH, précise le Docteur Lafeuillade, on les trouve en grandes surfaces aux USA!"
L'utilisation du Truvada* en prévention doit se faire sous surveillance médicale et ne protège pas des autres infections sexuellement transmissibles.
"Voila 30 ans que je lutte contre cette maladie et c'est rageant, ajoute le Docteur Lafeuillade, d'être arrivé à un tel point de la connaissance et de la thérapeutique sans en voir l'effet sur l'épidémie. Chaque semaine nous recevons de nouveaux patients infectés dans le service, très souvent de jeunes hommes homosexuels".
Le Docteur Lafeuillade ne baisse pour autant pas les bras et organisera avec son équipe des actions de sensibilisation à l'occasion de la journée du 1° décembre, même s'il ajoute: "pour nous c'est tous les jours le 1° décembre depuis 30 ans"...
Alain Lafeuillade, Service des Maladies Infectieuses, +33 494234078, [email protected]
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